Source: Guineeconakry.info
Lundi 20 juin 2011, dans l’après midi, au Palais du peuple, a eu lieu la cérémonie de lancement du comité national de pilotage de la réforme du secteur de la défense et de la sécurité. L’occasion a été mise à profit par le Pr. Alpha Condé, qui en assurait la présidence, pour mettre à jour certains officiers de l’armée guinéenne par rapport au concept de changement. Pour l’opinion, cette cérémonie a permis de comprendre certaines erreurs, jusque-là ignorées par rapport à la libération récente des détenus par les autorités…
C’est tout d’abord au ministre délégué de la défense, Me Abdoul Kabélè Camara, qu’il est revenu de replanter le contexte qui a engendré la nécessité de la réforme du secteur de la défense et de la sécurité. Il a ainsi rappelé la signature des accords de Ouagadougou, le 15 janvier 2010, qui définissaient clairement un chronogramme au bout duquel l’armée devait céder le pouvoir à un président civil élu.
En réalité, pour consolider le système, l’ensemble des acteurs, y compris la communauté internationale avaient estimé nécessaire de réformer l’armée et l’ensemble du secteur de la sécurité. Conformément donc à ce projet défini depuis janvier 2010, le comité national de pilotage de la réforme du secteur de la sécurité a ainsi pour mission d’assurer la supervision, l’orientation et le suivi de la mise en œuvre du programme de réforme, tel qu’élaboré par le séminaire national sur la réforme profonde des secteurs de défense et de sécurité organisé du 28 au 31 mars dernier.
De son côté, le président de la République en prenant la parole, a tout d’abord laissé entendre que la réforme du secteur de la sécurité et de la défense était une des priorités de son gouvernement. Pour lui, ces deux secteurs relèvent de ce qu’il appelle « les secteurs stratégiques de l’Etat » au nombre desquels figure également la justice. Il a également à faire savoir que le comité dont il était question du lancement était composé de toutes les entités de la nation : partis politiques, confessions religieuses, femmes, jeunes, syndicats, justice, forces de défense et de sécurité, etc.
Dans son fonctionnement, le comité national de pilotage est notamment composé d’une unité de gestion, une commission d’orientation stratégique, une commission technique et de suivi et des commissions techniques sectorielles.
Maniant à la fois la carotte et le bâton, le président de la République a promis de mettre à la disposition des forces de sécurité tous les moyens leur permettant d’assurer la sécurité des personnes et des pays, avant de s’en prendre à certains officiers de l’armée en ce qui concerne les risques de mauvaise gestions des ressources allouées aux forces armées. Comme pour dire que l’armée n’aura pas un statut d’exception par rapport au concept de changement.
Enfin, implicitement, le président de la République a révélé qu’il y a quelques erreurs lors de la récente libération massive de détenus. On l’a su quand le président a critiqué l’attitude du ministre de la justice qui, en ne consultant pas préalablement les services de police, a laissé sortir des bandits qu’il n’aurait pas du libérer. Cette erreur, confie le président : « fait que nous avons gracié des bandits de grands chemins qui utilisent aujourd’hui des armes de guerre contre la population… ».
Cette révélation risque bien de se retrouver au cœur des débats dans les prochains jours. Vu que manifestement que cette erreur ministérielle est à la base du regain de criminalité dans la cité. Une recrudescence qui, de son côté, expliquerait les récentes mesures notamment celles relatives aux patrouilles qui doivent avoir de 18 heures à 6 heures du matin.
Les privations de liberté ainsi que les éventuelles bavures dont d’honnêtes gens seront victimes seront alors la conséquence d’erreurs ministérielles. Et mêmes présidentielles quand on sait que c’est le Pr. Alpha Condé lui-même qui avait décidé d’élargir les dits détenus.
Salématou Diallo pour GuineeConakry.info